Influenceuses de poche

Alexandre Duyck

On les appelle des « bookstagrameuses ». Elles n’ont pas 30 ans, lisent cinq ou six livres par semaine et “influencent”de plus en plus la vie littéraire en France. Ni journalistes ni critiques, ces passionnées, aux comptes parfois suivis par des milliers de followers, sont aujourd’hui courtisées par les éditeurs qui espèrent des retombées à moindres frais.


Magazine : Le Monde

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Photos : Igor Bastidas
Parution : 2019


Extrait

On exagère un tantinet, mais disons que ces pieds-là, préférés à un visage en guise d’image de profil, prennent de plus en plus leurs aises. Ils appartiennent à la « bookstagrameuse » la plus influente de France.
À la quoi ? À l’attention de ceux qui ne fréquentent pas les réseaux sociaux, une bookstagrameuse (contraction de « book » et « instagrameuse » ) est une personne spécialisée dans la publication de photos et de commentaires sur les livres sur le réseau social Instagram (propriété de Facebook, plus de 1 milliard d’usagers dans le monde).
La paire de chaussettes, c’est elle : Maïté Defives, alias mademoisellelit. 33 ans, employée dans une banque en ligne en région parisienne. Avec ses 46 200 abonnés, elle est leader sur un marché qui dénombre, rien qu’en France, des milliers de comptes. Les prises de vue – le plus souvent les couvertures de livres, parfois une page ouverte – sont simples mais esthétiques, travaillées, en extérieur et en intérieur, filtrées de rose.
Parfois, un chat se glisse dans l’image.