Au revoir là-haut

Alexandre Duyck

Longtemps, les alpinistes ont d’abord craint l’hiver et les risques d’avalanches. Sous l’effet du réchauffement climatique, ce sont désormais les écroulements de roches qui inquiètent les passionnés des sommets et défigurent des paysages entiers.
L’été, saison de tous les dangers ?
Les accidents mortels se multiplient, forçant les guides alpins à délaisser des sentiers jusqu’ici populaires.


Magazine : Le Monde

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Photos : Nicolas Blandin
Parution : 2018




Extrait

Ni imprudence ni erreur fatale du débutant, juste la faute à un rocher qui s’est décroché au mauvais moment, au mauvais endroit.
Le 3 août, Olivier Bonnet est mort tandis qu’il pratiquait l’alpinisme accompagné d’un guide renommé dans le massif du Mont- Blanc, du côté de la dent du Géant (4 013 m).
Olivier Bonnet était une personnalité à Chamonix (Haute-Savoie), le patron de la marque Simond, implantée dans la région depuis cent cinquante ans et spécialisée dans le matériel de montagne et d’escalade. Il disait : « J’aime la montagne 365 jours par an. » Cette année encore, il fait trop chaud et trop sec dans les Alpes.
Des températures parfois proches de zéro au sommet du Mont-Blanc (4 810 m), des 35 °C à Chamonix (1 000 m) et des montagnes qui partent en miettes, s’en retrouvent défigurées et sont de plus en plus dangereuses pour l’homme. Partis le 7 août, trois Italiens, deux frères et la compagne de l’un des deux, ont aussi trouvé la mort dans le couloir Chevalier, le sol s’étant, semble-t-il, dérobé sous leurs pieds. Les gendarmes partis à leur recherche ont raconté s’être fait « mitrailler de pierres ».