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Media : Le Monde
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Photo(s) : Julien Muguet
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Année de parution : 2021
Extrait
C’était il y a un an, à deux jours d’intervalle, deux de ces événements qui comptent dans une vie. L’un mondial et collectif : l’explosion de la pandé mie, suivie du confinement et de l’annonce, le vendredi 13 mars, de la fermeture du lycée qu’il dirige à Cergy Pontoise (Vald’Oise): 1250 élèves, 150 personnels, l’improvisation, l’invention d’une scolarité à distance… L’autre événement, local et beaucoup plus personnel, a lieu quarante huit heures plus tard: son élection triomphale à la mairie de Nesles la Vallée, au premier tour, avec 72 % des voix. Dire que ces deux jours et les douze mois suivants n’ont pas été de tout repos pour Christophe Buatois relève de l’euphé misme : « Je savais que j’allais y consacrer du temps. Mais c’était audelà de tout ce que j’aurais pu imaginer. »
Nesles la Vallée, donc. Un charmant village à 45 km au nord ouest de Paris, 1800 habitants, des commerces, une école, un bureau de poste, une maison de santé, le tout en plein Vexin: belles forêts, longues lignes droites appréciées des cyclistes, élégantes maisons aux toits pentus ornés de petites tuiles… Au premier tour de la présidentielle de 2017, François Fillon y était arrivé en tête. Deux ans et demi plus tard, à l’automne 2019, Philippe Guéroult, maire depuis 1995, annonce qu’il ne se représente pas. Les regards se tournent alors vers son adjoint aux finances, Christophe Buatois. « Bien sûr que, dans mon esprit, c’était lui, confie Philippe Guéroult, aux allures de Jacques Chirac. Pour sa capacité à commander, le travail de chien accompli dans les lycées. Et sa capacité à veiller sur les finances de la commune. »
Mimars 2020, le proviseur Christophe Buatois devient maire (sans étiquette) de Nesles. Enfin, pas tout à fait. Première conséquence de la crise sanitaire : les conseils municipaux ayant l’interdiction de se réunir, il ne peut entrer en fonctions. Pendant deux mois, il va demeurer dans un entredeux : vainqueur, mais pas élu. Le duo Guéroult Buatois entame la tournée des commerçants et des villageois. Il faut grimper au grenier de la mairie, où dorment un millier de vieux masques, achetés du temps de l’épidémie A (H1N1) et toujours utilisables. « On les a don nés en priorité aux commerçants pour qu’ils puissent continuer à travailler, dit Christophe Buatois. Les gens étaient plus qu’angoissés, rien n’avait été prévu. Les autorités elles mêmes ne savaient pas ce qu’il fallait faire. »