Il avait 20 ans, pas encore l’âge des renoncements. Mauro Colagreco marche alors dans les pas de son père, expert-comptable. Il est étudiant en sciences économiques à l’université en Argentine. Programmé depuis l’adolescence pour succéder à son paternel, il s’ennuie comme un rat mort. «Alors je suis allé voir mon père et je lui ai dit : « Papa, je vais te décevoir mais je vais arrêter. » Il m’a répondu : « Mauro, j’attendais ce moment depuis tellement longtemps! Maintenant, c’est à toi de trouver ta voie ! » Le chef argentin raconte l’anecdote depuis la terrasse de son établissement, Mirazur, situé à Menton, dernière ville de la Côte d’Azur avant l’Italie, qui se trouve à quelques dizaines de mètres seulement du restaurant. La vue est à couper le souffle, l’institution dominant la Méditerranée. Le printemps est là, le chef souriant, ave- nant, dopé à l’eau minérale qui pique. Il est rentré la veille d’Australie où il a emmené la moitié de sa brigade travailler pendant plusieurs semaines. Pas spécialement fatigué par le décalage horaire, il raconte la suite de l’histoire avec son père : « Trouve ta voie… Facile à dire, mais qu’est-ce que j’allais faire ? Un copain avait ouvert un restaurant. Je ne connaissais rien à la cuisine mais je suis allé l’aider parce qu’il fallait bien travailler en attendant de trouver autre chose. Et là, j’ai eu un coup de foudre dès que je suis rentré dans la cuisine. Une révélation totale. Et cela m’a fait un bien fou. »
Media : Le Temps