Maja Hoffmann, la mécène

Alexandre Duyck

Vous ne connaissez pas forcément son nom, encore moins son visage. Pourtant cette héritière d’un empire pharmaceutique est en train d’écrire une nouvelle page de l’histoire de l’art. Discrète, parfois dans la lune, elle nous raconte sa famille, les obsessions qui la poussent tant à s’investir et les artistes qui peuvent changer le monde.


Magazine : Marie-Claire

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Photos : Olivier Culmann
Parution : 2017


 

Extrait

Une fin de matinée dans le quartier de Mayfair, à Londres. Maja Hoffmann reçoit dans son splendide hôtel particulier. D’abord très réticente à l’idée de se confier, elle se révèle charmante, drôle, dans la lune parfois, cassante lorsqu’on se risque à une stupide généralité à l’égard des Suisses alémaniques. On sait qu’elle peut être autoritaire : quand "L’Obs" publie en juin un article dont le titre lui déplait, elle exige qu’il soit modifié. Elle aime les tenues très chics et décontractées de chez Balenciaga et Lanvin, et les baskets de luxe, sobres et élégantes. Plusieurs fois au cours de l’entretien, elle dira : «J’ai eu la chance d’être jeune et belle.» Trilingue (allemand, anglais et français), elle cherche parfois ses mots, s’excuse : « Je suis fatiguée en ce moment.» Le rendez-vous a été donné à Londres, mais il aurait pu l’être à Bâle, à New York, sur l’île Moustique, partout où Maja Hoffmann vit et travaille. Ou à Arles, où sa fondation nance la construction d’une tour conçue par le célèbre architecte américain Frank Gehry, père du musée Guggenheim de Bilbao et de la Fondation Louis Vuitton, à Paris, qui, interrogé par Marie Claire, confie: «L’unique envie de Maja est d’offrir un espace de création et d’exploration aux artistes, pour que chacun aille jusqu’au bout de sa curiosité. Son courage ne cessera jamais de m’étonner.»