Kilian Jornet, l'homme qui court à pic

Alexandre Duyck

L’an dernier, il a gravi l’Everest. Deux fois. À six jours d’intervalle et sans oxygène.
À seulement 30 ans, Kilian Jornet a tout gagné, en trail comme en ski-alpinisme. Mais ses performances ne font pas l’unanimité : les puristes lui reprochent son obsession des records, d’autres son inconscience.


 

Magazine : GQ

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Parution : 2018


 

Extrait

KILIAN JORNET, L'HOMME QUI COURT À PIC

L’an dernier, il a gravi l’Everest. Deux fois. À six jours d’intervalle et sans oxygène.
À seulement 30 ans, Kilian Jornet a tout gagné, en trail comme en ski-alpinisme. Mais ses performances ne font pas l’unanimité : les puristes lui reprochent son obsession des records, d’autres son inconscience. Comment vit cet athlète hors du commun (et un peu sauvage) ? Quels défis le motivent encore, lui qui a déjà atteint tous les sommets ?

Parfois on retrouve, tapies dans l’ombre de nos antiques albums photos ou dans les disques durs de nos ordinateurs, des photos qui prédisent l’avenir. Celle-ci date de 1993. On y voit une dame, jeune et brune, pull rouge, pantalon bleu et gros sac à dos qui dépasse largement au-dessus de sa tête. Progressant dans une forêt de conifères, elle arpente un sentier qui longe une rivière ; c’est l’été mais il n’a pas l’air de faire très chaud. À ses côtés, deux petits enfants, une fillette de quatre ans et son frère, âgé de six ans. Tous trois marchent vite, cela se voit sur le cliché pris par le père des deux enfants. Aucun des deux ne râle, on croit même deviner, chez le garçon, qui traverse en famille la Laponie à pied – ils parcourront aussi la Corse, les Pyrénées et les Alpes, toujours en marchant – un sourire d’aise…