Le nouvel engagement de la “fiancée de Khashoggi”.

Alexandre Duyck

Le secret était jusqu’ici bien gardé. Hatice Cengiz était plus que la “fiancée de Jamal Khashoggi”, comme la presse du monde entier l’a présentée au lendemain de l’assassinat du journaliste saoudien, le 2 octobre 2018.


Magazine : Le Monde

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Photos : Sabiha Cimen
Parution : 2020


Extrait

IL LUI A DIT SIMPLEMENT : « Attends-moi là, ce ne sera pas long. » Le 2 octobre 2018, Hatice Cengiz accompagne son compagnon Jamal Khashoggi jusqu’à la porte du consulat d’Arabie saoudite à Istanbul pour y récupérer un docu- ment administratif. Le journaliste saoudien avait bien essayé auparavant de se le faire envoyer par e-mail. Mais, au téléphone, les employés du consulat, très aimables, s’étaient excusés : trop compliqué, qu’il vienne lui-même, le 2 octobre, retirer le bout de papier, ça ne prendra que quelques minutes et tout ira bien.
Des images de vidéosurveillance ont filmé la suite. Bientôt trois heures que Jamal Khashoggi est entré dans le consulat. À l’extérieur, Hatice Cengiz fait les cent pas. La jeune femme turque interroge des fonctionnaires qui quittent le bâti- ment, des policiers turcs de faction. Bientôt, l’incompréhension cède à la panique. Personne ne sait rien, personne n’a rien vu. Le consulat ferme ses portes. Une heure plus tard, elle inter- roge un employé saoudien qui en sort. Elle explique qui elle est, le type blêmit. « Et là, se souvient-elle, j’ai compris qu’il s’était passé quelque chose de grave. »