Extrait
C’est le plus souvent au petit matin que les corps arrivent à la morgue de Bagdad. Commence alors, inlassablement, le ballet des familles angoissées, sans nouvelles d’un père, d’un fils, d’un cousin mystérieusement disparu ou enlevé sous leurs yeux. Elles viennent errer là où s’entassent les cadavres jetés à la rue, au cœur des terrifiantes nuits que vit la capitale irakienne, métropole de 7 millions d’habitants devenue hagarde dès le crépuscule. Tous les habitants ont peur de la nuit. Les sunnites craignent l’intrusion soudaine et violente des milices chiites. Les enfants sont parqués à l’intérieur des maisons dès le milieu de l’après-midi.